par Christine Hamelin
Ronald Way, Canada's top restorer of historic sites, brought Fort Henry to life.
Ronald Way, le chef de file canadien des restaurateurs de sites historiques, a ramené le Fort Henry à la vie.
Ronald est né à Kingston en 1908. Son père enseignait le génie à l’Université Queen’s. Enfant, Ronald a beaucoup lu et a souvent joué dans les ruines de Fort Henry. Sa famille s’est installée à Ottawa, mais après le décès de son père, elle est revenue à Kingston, où Ronald est entré au Kingston Collegiate and Vocational Institute (institut collégial et professionnel de Kingston).
Plus tard à l’Université Queen’s, il a étudié la prescience pendant une année, mais a eu un coup de foudre pour l’histoire et obtenu son baccalauréat en histoire canadienne en 1935. Il avait l’intention de poursuivre ses études, mais lorsque le gouvernement a décidé de restaurer Fort Henry et de recruter des chercheurs qualifiés, Ronald a été recommandé en raison de son intérêt pour les fortifications militaires. Embauché par le gouvernement de l’Ontario en 1936, il est devenu responsable des travaux, ainsi que de la recherche et d’aspects créatifs et conceptuels.
En 1938, l’Université Queen’s lui a décerné une maîtrise ès arts après avoir considéré son œuvre au Fort, dont il avait été désigné le directeur. Entre 1936 et 1939, il fut très occupé, non seulement par la restauration du Fort Henry, mais aussi par celle du Fort George et du Fort Niagara. Ce qu’il aimait, c’était préserver l’authenticité de ces fortifications. Il s’était réjoui de trouver des balles marquées d’empreintes de dents au Fort Érié, lesquelles dataient d’une époque où l’on opérait les soldats sans anesthésie. Lorsque la restauration a commencé, le Fort Henry n’était qu’un amas de ruines après des années de négligence. Pendant deux ans, un millier d’ouvriers ont travaillé avec ardeur en vue de sa réouverture officielle, en 1938. Parfait exemple d’architecture militaire reproduite d’après les plans originaux, le Fort Henry est devenu, et il demeure, une attraction touristique très importante.
Beryl Wynn Lewis, plus connue sous le nom de « Taffy », avait trouvé un emploi d’été au Fort. Elle est devenue l’assistante de Ronald, puis son épouse, et a fini par devenir directrice générale du Fort Henry. Le personnel aimait les Way, qui logeaient dans un appartement à l’intérieur du fort et passaient une partie de chaque semaine, ainsi que les étés, à la résidence Upper Canada. La fin de semaine, le couple se retirait surtout dans sa ferme du comté de Prince Edward, où il élevait des vaches de race Holstein.
Ronald, un homme tranquille aux yeux bleus et d’une large carrure, était un merveilleux conteur et possédait une connaissance encyclopédique de l’histoire du Canada. Membre actif de la société historique de Kingston, il pensait que l’histoire du Canada n’avait rien de stérile, et il refusait les embellissements de l’histoire, comme des fantômes du Fort, créés de toutes pièces. L’un des premiers adeptes de la notion des « musées vivants » au Canada – une expression qu’il avait reprise d’une carte postale envoyée dans les années 1950 par un enfant de neuf ans –, il a exercé une grande influence sur de nombreux historiens et conservateurs. Le meilleur exemple de cette approche muséale novatrice est la garde du Fort Henry, que Ronald considérait comme son plus grand legs. Il a un jour eu l’idée d’engager des étudiants bénévoles, la plupart de l’Université Queen’s, et de leur faire endosser l’uniforme britannique du milieu du XIXe siècle pour constituer une présence militaire authentique. Ronald était profondément fier de cette garde, qu’il surnommait la « meilleure bande de bipèdes que l’on peut trouver ».
Lors du transfert de la gestion du Fort Henry à la Commission des parcs du Saint-Laurent de l’Ontario, en 1958, Ronald est devenu directeur des monuments et lieux historiques au sein de cet organisme. À ce titre, il a travaillé à l’édification d’Upper Canada Village, un autre exemple de reconstitution d’un chapitre d’histoire. Il avait la conviction profonde que l’histoire devait être accessible à tous. En 1961, Ronald a reçu un prix d’excellence de la Ville de Kingston (Honourable Achievement Award). En fait, ce prix avait aussi été décerné à Taffy, car le couple travaillait en étroite collaboration.
Une promotion attendait Ronald peu de temps après, au poste de directeur du redéploiement, en plus d'une nomination à titre de consultant en reconstruction au ministère du Tourisme de l’Ontario. Outre la supervision des travaux au Fort Henry et à Upper Canada Village, Ronald a restauré le château Dundurn à Hamilton, la maison de William Lyon Mackenzie à Queenstown et la maison de Joseph Brant à Burlington. C’est aussi en 1961 que le gouvernement fédéral a recouru à ses services, par l’intermédiaire du premier ministre lui-même, pour restaurer la ville et la forteresse de Louisbourg, au Cap-Breton. Il s’agissait de la plus grande reconstruction historique jamais entreprise au Canada.
En 1965, Ronald a démissionné de son poste de fonctionnaire de l’Ontario et est devenu consultant afin de pouvoir se consacrer davantage au projet de Louisbourg. Connu bien au-delà du Canada comme un consultant hors pair dans le domaine de la restauration historique, il a dirigé de nombreux projets. Il a été directeur du Fort Henry jusqu’en 1970; en 1973, au cours d’une cérémonie en son honneur, il a été nommé garde honoraire. En 1974, il a reçu un diplôme honorifique de l’Université Queen’s. Il s’est éteint en 1978, juste avant le quarantième anniversaire du Fort. Homme imaginatif et déterminé à donner vie à l’histoire, Ronald Way a prononcé un jour cette phrase légendaire : « Seule notre histoire nous distingue des Américains qui partagent avec nous l’environnement de ce continent. »
(Réimpression en anglais et traduction en français d’un article paru initialement dans Profile Kingston, le 12 janvier 2000)